EPHEMERIDE

HEURTOIR DE PORTE MAIN - www.esse.frwww.annycejourdhui.fr

avec cette pensée

"On voit d'abord mourir ses grands-parents, puis ses parents. Puis, à mesure que l'on vieillit, ce sont des amis qui subitement nous quittent ; ou des écrivains que l'on aimait et qu'on lisait déjà dans sa prime jeunesse.  Notons ce propos de Vincenzo Cardarelli : D'être tous les branches et les feuilles d'un même tronc, nous nous en apercevons trop tard, lorsque l'arbre commence à se dépouiller. Alors la mort d'un de nos contemporains nous touche d'assez près, résonne à nos oreilles comme un avertissement funèbre, et il n'est plus possible de méconnaître, ni de trahir le lien qui nous attachait à cet homme. On a beau faire le fort devant la mort d'un ami et compagnon de jeunesse, ce vide-là ne se comble pas. Cette brèche minime met en question et en péril tout le mur. Et voici qu'une autre pierre est tombée, et une autre encore. Petit à petit, nous autres, hommes d'une certaine génération, nous ne sommes plus qu'un édifice en ruine. 
Roger Munier le dit très simplement dans Requiem  : Les racines sont l'arbre à l'envers dans la nuit.Dans
 Pour ne pas oublier , Alain Lévêque se souvient de la position de Baudelaire Que Baudelaire parle des morts avec tant de compassion et qu'il soit saisi d'un tel remords en pensant aux manquements des vivants à leur égard, à commencer par les siens propres, voici qui repousse, sinon efface, la rupture entre la mort et la vie et qui donne au sentiment d'exister l'envergure d'un présent intérieur." (extrait des notes de Florence Trocmé)

"La servante au grand coeur dont vous étiez jalouse,
Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse,
Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs.
Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs,
Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres,
Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres,
Certes, ils doivent trouver les vivants bien ingrats,
A dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps,
Tandis que, dévorés de noires songeries,
Sans compagnon de lit, sans bonnes causeries,
Vieux squelettes gelés travaillés par le ver,
Ils sentent s'égoutter les neiges de l'hiver
Et le siècle couler, sans qu'amis ni famille
Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille.

Lorsque la bûche siffle et chante, si le soir,
Calme, dans le fauteuil, je la voyais s'asseoir,
Si, par une nuit bleue et froide de décembre,
Je la trouvais tapie en un coin de ma chambre,
Grave, et venant du fond de son lit éternel
Couver l'enfant grandi de son oeil maternel,
Que pourrais-je répondre à cette âme pieuse,
Voyant tomber des pleurs de sa paupière creuse ?

CH. BAUDELAIRE

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D'après le thème de l'Arbre renversé, Enseigne du Noyer Inversé, Poitier, vers XVIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le thème de l’Arbre renversé, Enseigne du Noyer Inversé, Poitiers, vers XVIe siècle.


signé


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Commentaires

06.04 | 06:20

Emerger de notre vivier , aprés y avoir puiser toutes les émotions .
Ecrire , crypter ce vécu , cette traversée .....

10.10 | 11:28

Aimer ne se négocie pas - oh que non. L'amitié non plus. Amour Amitié ces deux piliers de la vie - Merci Annie de si bellement nous le rappeler.

25.01 | 06:56

MAGISTRAL, DEVOS

06.08 | 13:40

Bonjour Anne Marie,

Quel plaisir d'écouter Pascal Quignard, que je n'ai jamais réussi à lire, je vais essayer à nouveau avec "l'Homme au trois lettres".

marc