Voici, la gardienne d’une lande, où qu’elle aille, elle s’y réfère,
nul voyage ne la comble, nul lieu ne soutient la comparaison avec sa terre-mère. Elle est de cette lande - là et pas d’ailleurs qui l’inquiète et l’exile. L’homme qui dort auprès d’elle est de ce lieu.
Il est le lieu-homme. Sa lande.
Voici, l’exilée politique, sa terre est lointaine, sa
langue le dit. Son chant - volcan monte des boues d’un fleuve et va vers des cimes dont les paysages andins habitent des mythes tissés de mots mapuches. Elle monte un cheval fort et fier, plein de fougue, capable d’une rare résilience
comme elle, son nom est Chilien.
Voici, l’entre – deux – mères/mers,
nichée sur ses terres ancestrales, dans une île où des vahinés posent près d’une source bleue fleurant les raisins blonds, elle est d’ici et d’ailleurs, sur une musique occitane, elle danse.
Voici l’âme d’un jardin-paradis dont le figuier ploie de tant de fruits de sa passion de vivre qu’il
bombille de mille miels futurs.
Voici celle qui attend l’enfant béni des Lares.
Voici l’enfant qui joue dans le jardin clos.
Ces paysages - violons, taillés sur mesure par ces jardinières-luthières secrètes, jouent leurs partitions
sur une vague de mots."
Anne-Marie Carrère
in Rébus et entrelacs
Figures traversières (incipit)
(à paraître)