EPHEMERIDE


 avec Prévert/Art abstrus - Poéme
 

 

Désagréablement surpris de vivre à peine satisfait de ne pas être mort jamais il n'adresse la parole à la vie

Il y a une nuance entre dire et demander merci

Et la tête entre les mains et les pinceaux tout prêts mais la couleur si loin

debout devant son chevalet de torture picturale il se regarde et s'observe dans le miroir de la toile où la mygale de la mégalomanie tisse et retisse à l'infini la décalcomanie logogriphique de ses spéculations esthétiques

Abstraire une vache pour en tirer du lait et tirer de ce lait le portrait d'un brin d'herbe que la vache a brouté



Pourtant

des tournesols de fer voltigent en 
Provence dans les

jardins de 
Calder pourtant sous la pluie contre un poteau télégraphique un vélo de 
Braque dit

merci à l'éclaircie pourtant 
Claude et 
Paloma 
Picasso ne prennent pas la

peine de pousser le cadre pour sortir tout vivants

du tableau

pourtant la bohémienne endormie rêve encore au douanier 
Rousseau

pourtant des éclats de soleil blessent encore l'oiseau tardif des paysages de 
Miro

pourtant à 
Florence

cette haleine de fleurs peintes entre les lèvres de la bouche d'un visage de 
Botticelli

a toujours le même parfum que le printemps de 
Vivaldi

pourtant aujourd'hui

en pleine lumière d'Antibes

dans une galerie d'art à 
Paris

l'enfant du sang des songes

frémissant et meurtri

devant une toile de 
Nicolas de 
Staël

chante sa fraternelle ritournelle

La mort est dans la vie la vie aidant la mort

la vie est dans la mort la mort aidant la vie.
 
                                      Apollinaire(Calligrammes) 
 

Commentaires

06.04 | 06:20

Emerger de notre vivier , aprés y avoir puiser toutes les émotions .
Ecrire , crypter ce vécu , cette traversée .....

10.10 | 11:28

Aimer ne se négocie pas - oh que non. L'amitié non plus. Amour Amitié ces deux piliers de la vie - Merci Annie de si bellement nous le rappeler.

25.01 | 06:56

MAGISTRAL, DEVOS

06.08 | 13:40

Bonjour Anne Marie,

Quel plaisir d'écouter Pascal Quignard, que je n'ai jamais réussi à lire, je vais essayer à nouveau avec "l'Homme au trois lettres".

marc