Maison de la poésie
Valérie Rouzeau
"Que faire quand on
doit rester à distance de tous et qu’on a besoin de présence et de joie ? On ne peut jouir de ce réconfort au dehors ? « Eurêka cela ne tienne ! », s’exclame
Valérie Rouzeau, qui a trouvé une solution parfaite. Dans Ephéméride, elle joue avec le temps et les mots, ressources que nous avons, plus que d’habitude, à disposition. Qu’est-ce qu’une
éphéméride ? C’est un almanach qui recense les événements importants sur une période donnée, mais aussi, comme l’explique l’auteure, « certains non-événements
de ma vie, de ces moments que l’on pourrait qualifier d’anodins, du moins de tout à fait oubliables à ceci près qu’ils se sont gravés tels des 1eravril ou des 14-Juillet dans la fragile boîte noire
de mon crâne ». La mémoire opère en effet un tri subjectif. Et brouillon : pas question d’arracher les pages du calendrier dans l’ordre, au contraire il sera fait « moult pieds de nez
à Kronos, des coq-à-l’âne, des digressions, du saute-mouton ». C’est donc dans le désordre, entre 1993 et aujourd’hui, que « cette matière de vivre accumulée » au
fil des années – notes, courriels, fragments, lettres… – nous donne à éprouver le corps même du temps et que cette Ephéméride se mue en œuvre poétique : (Le
temps passe et fait mes rides) en est le sous-titre." Camille Laurens pour LE MONDE
« Ephéméride (le temps passe et fait mes rides) », de Valérie Rouzeau, La Table ronde, 144 p., 16,50 € ; numérique 12 €