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EPHEMERIDE
Confinement
« C'est un latinisme. Le mot apparaît au XVe siècle, mais il est alors employé pour désigner l'enfermement pénal. Il découle du mot "confins",
venu de confinium, "cum" "finis" désignant une partie de terre située à l'extrémité et, par extension, prend le sens figuré de "point extrême". Ce qui "confinait", coincé dans les confins, s'ouvre
alors sur autre chose, passant du négatif au positif. Confinement au Moyen Âge français contenait l'idée de punition, de prison. Il perd aujourd'hui cette dimension connotée de privation de libertés. Dans
les romans du XVIIe ou XVIIIe, il s'emploie pour parler de la vie monastique, par exemple (La Religieuse de Diderot). C'est avec le coronavirus que ce mot assez rare
devient mot courant. On n'est plus empêché de bouger pour des raisons punitives, mais pour éviter les contagions, c'est une mesure prophylactique, le mot devient une nécessité sociale. Dans les langues latines, on retrouve
la même racine, alors que l'anglais a choisi lockdown. Le français, dans ce contexte, a donné un signe de sa vitalité en créant le néologisme de déconfinement.
Par le besoin d'évoquer la fin des mesures, le Premier ministre l'a employé pour la première fois le 1er avril dernier. Mot inventé, mais bien formé, avec le "de" qui exprime la suppression par rapport au radical. »
ALAIN REY
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