EPHEMERIDE

Pour la beauté de ce poème , bonjour de nouveau avec le prix Nobel de Littérature 2020,

Neige tardive,

Pendant sept ans j’ai regardé la dame
D’à côté promener son compagnon vide. Un mois de mai il tourna la tête pour voir
Une chrysalide libérer sa créature de kleenex :

Il avait oublié ce que c’était. Mais quand il faisait bon elle 
Lui faisait faire des allers et retours. Et chantait pour lui.
Il gargouillait depuis son fauteuil roulant, finalement

Il est mort l’automne dernier. Je pense que les oiseaux sont revenus
Trop tôt cette année. Les limaces
Ont été anéanties par la neige. Pourtant, quand même,

Elle n’était pas jeune elle non plus. Ça a dû lui faire mal aux jambes
De pousser son poids comme ça. Une neige tardive étreint
L’arbre des rouge-gorges. Je l’ai vue arriver. La maman dépérit sur ses œufs.

Louise Glück, Firstborn (1968), III [trad. Romain Benini]


 

Commentaires

06.04 | 06:20

Emerger de notre vivier , aprés y avoir puiser toutes les émotions .
Ecrire , crypter ce vécu , cette traversée .....

10.10 | 11:28

Aimer ne se négocie pas - oh que non. L'amitié non plus. Amour Amitié ces deux piliers de la vie - Merci Annie de si bellement nous le rappeler.

25.01 | 06:56

MAGISTRAL, DEVOS

06.08 | 13:40

Bonjour Anne Marie,

Quel plaisir d'écouter Pascal Quignard, que je n'ai jamais réussi à lire, je vais essayer à nouveau avec "l'Homme au trois lettres".

marc