"La naissance de l’hiver s’entoure de rituels de passage qui prennent soin de sa fragilité. Crue, la lumière devient blanche neige, le camélia blanc ose un nouveau bouton, les arbres
nus se « giacométisent », la nature est enceinte,nous sommes dans la promesse d’une autre lumière, mais Rimbaud redoutait l’hiver, "saison du confort", son âme sauvage ressentait
des impatiences solaires que seul "un petit baiser, comme une folle araignée", pouvait apaiser.
L’hiver, l’on est prêt à aimer.
La voie lactée
s’adoucit et se stabilise, « sœur lumineuse » de la constellation d’Orion.
Sur le fil invisible du temps, le poète marche à pas de loup, cherche l’équilibre
des mots, risque le vertige du sens, avance vers un toujours présent,balancier témoin du funambule qu’il est devenu, livré au vent des heures qui ne passent pas, il avance, il écrit :
Sur le pont des ans
Longue file d’attente
Sur le fil du temps
Danses funambulesques
-
J’ai perdu le fil
Crie le poète
Dans sa toile d’argent
La belle araignée
La belle mal aimée
Le sauve
Sous les arches des fils
Elle offre la lumière
Dans le bleu des nuits
Elle tisse ses rêves
- Il faut sauver les songes
Soupire le poète
La rosée sur la toile se pose
A l'aube
le poète murmure :
- L’œuvre est d’une grande beauté.
Anny C.
in "Fil rouge aux
grains de grenade" à paraître.