CICERON
Au moment où le retraite est en débats, j'ai demandé à Cicéron de me donner son avis car, dans son traité De
la vieillesse, il est parmi les premiers promoteurs d'une vieillesse active, qui permet d’être enfin « à soi », « de vivre avec soi-même ». Il
dit que les « quatre causes qui font paraître la vieillesse misérable : la première est, dit-on, qu’elle nous éloigne des affaires ; la seconde, qu’elle affaiblit
le corps ; la troisième, qu’elle prive de presque tous les plaisirs ; la quatrième, qu’elle est voisine de la mort. » Il montre qu’ayant quitté le tumulte de la jeunesse (la
vieillesse commence alors à 60 ans, lorsque le citoyen romain n’est plus mobilisable), le retraité bénéficie d’une disposition d’esprit qui lui permet de se consacrer à la politique.
Car l’oisiveté et le temps du loisir ne sont pas contraires à l’engagement, pour peu que les moyens suivent – la santé et les revenus."
Selon le philosophe Pierre-Henri Tavoillot, spécialiste des âges de la vie, notre idéal contemporain de la retraite représenterait ainsi « une sorte de motion de synthèse » entre cette tradition cicéronienne
– et sa vision aristocratique de la retraite active, engagée dans la vie politique – et une tradition héritée de Saint Augustin, qui invite à se retirer des affaires courantes pour entamer une « nouvelle carrière »… consacrée à son salut.
Selon lui, « de Saint Augustin, nous garderions sans doute l’idéal du retrait d’un univers focalisé sur la productivité, la performance et la consommation, mais sans forcément connecter
la quête du salut à la foi chrétienne.
Un Cicéron démocrate, doublé d’un
Augustin laïc : telle est la figure rêvée du retraité d’aujourd’hui. » (inspiré de Philosophie magazine)