"L'Amitié est une vertu parce qu’elle se travaille. Il faut veiller sur elle comme sur la flamme d’une bougie, ne pas la laisser s’éteindre
en pensant qu’elle va continuer indéfiniment à se maintenir d’elle-même sans qu’on en prenne soin.
Cette dernière formule montre
bien la valeur et l’exigence morale de l’amitié : devenir et rester ami requiert de prendre durablement soin de l’autre, c’est-à-dire non seulement prendre de ses nouvelles mais de se soucier de lui – de son bonheur,
de ses besoins, de ses souffrances. L’amitié implique la compassion, étymologiquement la capacité de « souffrir avec », c’est-à-dire de se mettre à la place de l’autre quand il souffre
et de ne pas pouvoir se sentir soi-même pleinement heureux quand il ne l’est pas. L’amitié va aussi de pair avec la sollicitude, qui passe elle-même par la disponibilité, l’écoute, la solidarité.
Aristote, décidément le maître en la matière, explique ainsi que l’amitié est entre les amis une émulation de vertu, et envers tous les hommes une éducation
au bien-agir."
Abdennour Bidar, Quelles valeurs partager et transmettre aujourd’hui ? A.Michel, p.29-31