« L’inaccompli bourdonne d’essentiel » écrivit René
Char.
Et puis ce 15 avril 2019 le réel mit le feu à Notre Dame de Paris accomplissant un essentiel
et toute conversation s’est figée dans la sidération de l’incendie.
Je songe à l’abbatiale de Conques. Je songe à la basilique de Vézelay. Je songe à notre Dame de Verdelais, à
toutes les cathédrales, à toutes les églises, à toutes les chapelles, à tous les temples, à toutes les synagogues, à toutes les mosquées, à toutes les pagodes, à tous les lieux de prières
qui recueillent des paroles secrètes dans leurs écrins précieux, petites flammes sincères !
Il a fallu éteindre l’embrasement, la Seine elle-même étreignant la cathédrale
dans ses bras a offert aux soldats du feu le meilleur de ses eaux. Il y eut une solidarité élémentaire pour sauver l’âme et le corps de Notre Dame abîmée de sa cime et rallumer la flamme d’une foi indéfinissable
qui chuchote à nos consciences de cesser de jouer avec le feu car il est cette puissance de vie ou de mort.
Dans les pratiques chamaniques, symbole de régénérescence, il consume ce qui n’a plus lieu d’être
pour laisser place à une nouvelle perspective de vie.
Chacun lira l’événement à sa façon mais l’énigme reste entière de l’origine de ce feu.
« Oui, je sais mon origine!
Insatiable, telle la flamme,
Je me consume incandescent.
Lumière devient tout ce que je prends,
Charbon tout ce que je laisse
Flamme je suis assurément. » écrit Nietzsche à propos du Feu.
Anny
C.
in
"Fil rouge aux grains de grenade" inédit