EPHEMERIDE

Le rite des lanternes

La fête des âmes au Japon est en Juillet:

"Au Japon la perception de la mort n’est pas exactement la même qu’en Occident. La disparition d’un proche signifie un renouveau pour son âme. La fête d’Obon traduit bien cet état d’esprit. Le pays rend hommage aux défunts. D’origine bouddhique, cette célébration tire son essence d’une légende indienne. Un jeune homme vit sa mère, décédée, lui revenir en rêve très en colère. Pour la calmer, l’homme aurait prié et déposé un repas sur le tombeau de la défunte. La nuit suivante, celle-ci serait revenue le voir en songe, soulagée cette fois."

A l'automne, à la cour du Japon ancien, l’empereur et les membres de la famille impériale écrivaient des poèmes et buvaient du saké parfumé au chrysanthème en prière de longévité pendant le Festival des Chrysanthèmes (9 septembre). Les dames de la cour recouvraient des boutons de chrysanthèmes d’étoffe de coton et en frottaient leur corps en quête de longue vie.Résultat de recherche d'images pour "une fleur de coton recouvrant un chrysantheme au japon"

Voici une poète japonaise contemporaine : Shizue Ogawa Résultat de recherche d'images pour "Shizue Ogawa"née en 1947 sur l’île d’Hokkaido. Spécialiste de l’œuvre du poète anglais John Keats, elle a publié vingt-cinq livres et a réalisé deux CD, de même qu’un DVD. Sa poésie, qui a déjà été traduite dans une dizaine de langues, lui a valu d’être invitée à de nombreux festivals à travers le monde. Elle a reçu le Prix international de poésie Antonio Viccaro 2011 (Canada) et le Gerard Manley Hopkins Society Award 2014 (Irlande).

Elle dit:" Voici la vérité sur mes poèmes. J’y loue la beauté de la nature et notre capacité à vivre en harmonie avec elle.
Je vis à la campagne et quand je me promène dans la nature avec mon époux, « je sens », comme c’est le cas pour certaines personnes que j’entends des conversations entre les montagnes, les arbres et les oiseaux. Nous, les êtres humains, nous sommes en harmonie avec eux en tant qu’un des éléments de la nature. De retour chez moi, mes mains s’activent alors pour recréer ce que j’ai vu et entendu (…)
Je les écris très vite. Dès que j’entame la première ligne, ma main droite se déplace librement jusqu’à la dernière sans une hésitation. (…) J’ignore l’angoisse de l’écrivain. Je suis seulement « Une Âme qui joue »."

Une âme qui joue... n'est-ce pas communicatif ?

"Si la poésie de Shizué Ogawa dit une joie de vivre dans l’amour et l’amitié des êtres qui l’entourent au sein d’une unité cosmique qui va jusqu’à inclure l’inanimé des plantes, des pierres et des éléments susceptibles d’accéder à l’illumination spirituelle (idée popularisée par l’école Tendai), particulièrement l’eau sous toutes ses formes de neige et de nuages, elle n’ignore pas les aspects plus sombres de la condition humaine, la cruauté et tout un côté irrationnel parfois déroutant mais aussi jouissif. Une autre caractéristique, narrative celle-là et typiquement japonaise, est la litote, la suggestion qui laisse au lecteur imaginer le vécu, le ressenti par l’auteur.
Cela est valable également pour les poèmes peu nombreux mais récurrents, qui ont pour thème la mort, particulièrement celle de la poète, comme toujours au Japon par incinération "

 

Dans le volume Une Âme qui JoueLe cercle, publié aux éditions Caractères dans la traduction de Véronique Brindeau, « Cimetière », la décrit toujours sereine pénétrant dans sa tombe :

  

Puisque j’entre à présent dans la tombe
ouvrez-moi les portes
sans éveiller personne
doucement

au gardien des grilles
j’ai dit qu’il pouvait s’en retourner
il a répondu qu’il reviendrait 
qu’il laissait ouvert

j’ai creusé la terre
mon corps est petit
alors je n’ai pas eu à creuser profond
cela faisait pourtant un beau tas de terre autour

M’en recouvrant moi-même
je me suis étendue
au début j’ai eu froid
puis peu à peu la chaleur est venue.

(Une Âme qui Joue, Le cercle, trad. Véronique Brindeau, éd. Caractères )

 

Commentaires

06.04 | 06:20

Emerger de notre vivier , aprés y avoir puiser toutes les émotions .
Ecrire , crypter ce vécu , cette traversée .....

10.10 | 11:28

Aimer ne se négocie pas - oh que non. L'amitié non plus. Amour Amitié ces deux piliers de la vie - Merci Annie de si bellement nous le rappeler.

25.01 | 06:56

MAGISTRAL, DEVOS

06.08 | 13:40

Bonjour Anne Marie,

Quel plaisir d'écouter Pascal Quignard, que je n'ai jamais réussi à lire, je vais essayer à nouveau avec "l'Homme au trois lettres".

marc