EPHEMERIDE

 Anna Akhmatova



                      A Alexandre Blok

 

Je suis allée voir le poète.

A midi pile. Dimanche.

Pas de bruit dans la vaste chambre,

Aux fenêtres, le gel.

 

Un soleil cramoisi se dégage

Des floches de fumée grise...

Sur moi, mon hôte taciturne

Pose un regard si clair !

 

Des yeux pareils, pour sûr, se gravent

Dans toutes les mémoires ;

Pour moi, prudente, je préfère

N'y pas plonger les miens.

 

Je me rappelle nos paroles,

Midi, la brume, ce dimanche,

Dans la haute maison grise

A l'embouchure de la Néva.


Janvier 1914


 Anna Akhmatova, in Le Rosaire, 1914,

L'églantier Fleurit

traduction Marion Graf et José-Flore Tappy, & texte russe.

Avant-propos de Pierre Oster,

éditions La Dogana, 2010, p.51.

Commentaires

06.04 | 06:20

Emerger de notre vivier , aprés y avoir puiser toutes les émotions .
Ecrire , crypter ce vécu , cette traversée .....

10.10 | 11:28

Aimer ne se négocie pas - oh que non. L'amitié non plus. Amour Amitié ces deux piliers de la vie - Merci Annie de si bellement nous le rappeler.

25.01 | 06:56

MAGISTRAL, DEVOS

06.08 | 13:40

Bonjour Anne Marie,

Quel plaisir d'écouter Pascal Quignard, que je n'ai jamais réussi à lire, je vais essayer à nouveau avec "l'Homme au trois lettres".

marc