EPHEMERIDE

"Je ne comprends pas les peintres chinois aujourd'hui.

Parlez-vous de ces peintures de l'immédiat, sans profondeurs, de ces couleurs, sans nuances ? Parlez-vous de cette toile où des personnages vous scrutent de leurs yeux sans regard ? Parlez-vous de cette performance où un peintre sur une montagne en tenue d'apparat peint devant un public en extase ?

Pourquoi font-ils toute cette publicité, ça ne se fait pas. On ne travaillait jamais devant les autres. Les peintres se cachaient dans la montagne, dans la nature, loin de la société. Comme le tao. Ils peignaient pour eux-mêmes, pas pour le public. Maintenant ils travaillent devant beaucoup de monde pour faire plaisir, pour montrer. Tous ces gens autour de lui changent l'attitude du peintre. Peut-il réfléchir avec toutes ces personnes autour de lui ? Ces démonstrations sont contre toute la pensée chinoise. J'ai horreur de cette exhibition, de ce mauvais goût. Pourquoi faut-il forcer les gens à comprendre ce que vous faites ? Ce n'est pas la peine. Si la peinture est forte, vous n'avez pas besoin d'expliquer. La peinture n'est pas faite pour une démonstration, c'est une chose pour soi-même. C'est comme écrire des poèmes ou chanter. La peinture est toujours pour soi-même. Quand vous avez fini, la toile vous quitte. Elle va vivre avec un autre. Devant la performance que font les peintres aujourd’hui, je demande : est-ce que c’est sincère ? Je travaille toujours tout seul. Je ne peux pas travailler devant quelqu’un. Il y a automatiquement quelque chose qui se glisse, quelque chose pour faire plaisir, quelque chose d’un peu putain. Ça manque de sincérité."

Extrait. Paroles de ZAO WU KI

"À partir d’entretiens avec Zao Wou-Ki, le texte suit pas à pas la naissance de son amitié avec Henri Michaux, son développement dans les mouvements artistiques du xxe siècle, son évidence pour chacun des deux hommes : Michaux, curieux de tout et particulièrement attiré par les cultures d’Extrême-Orient, s’essaye à l’encre de Chine quand il découvre à l’imprimerie Desjobert le travail de Zao Wou-Ki. Le jeune Chinois aimanté par Klee, Cézanne, Matisse vient d’arriver en France. Et tout comme Michaux, il repousse les formes convenues, cherche le souffle. Mais qui est ce jeune artiste chinois ? À travers une autre série d’entretiens réalisée en 2002 dans une prose poétique, Catherine Zittoun approche la relation de Zao Wou-Ki avec ses origines." note de l'éditeur (Edtions du crépuscule) Zao Wu Ki/Michaux, une amitié

Commentaires

06.04 | 06:20

Emerger de notre vivier , aprés y avoir puiser toutes les émotions .
Ecrire , crypter ce vécu , cette traversée .....

10.10 | 11:28

Aimer ne se négocie pas - oh que non. L'amitié non plus. Amour Amitié ces deux piliers de la vie - Merci Annie de si bellement nous le rappeler.

25.01 | 06:56

MAGISTRAL, DEVOS

06.08 | 13:40

Bonjour Anne Marie,

Quel plaisir d'écouter Pascal Quignard, que je n'ai jamais réussi à lire, je vais essayer à nouveau avec "l'Homme au trois lettres".

marc