Demeure auprès de moi quand se meurt ma lumière,
Que le sang glisse à peine, et qu'une acre douleur
Pique ou brille les nerfs, quand se pâme le cœur.
Que tout l'être languit comme à l'heure dernière.
Demeure, quand en moi la mortelle matière
Est en proie à des maux qui détruisent la foi,
Lorsque l'œuvre du Temps parait fureur sans loi,
La vie une Furie à torche incendiaire.
Demeure à mes côtés quand ma foi va tarir,
Quand les hommes pour moi sont des mouches d'automne
Dont l'essaim pond ses œufs, vole, pique, bourdonne,
Et tresse un abri frêle avant que de mourir.
Demeure à mes côtés ; et, le terme approchant,
Montre à mes sens la fin de l'humaine agonie,
Et, sur le bord extrême et sombre de la vie,
L'aube de ce grand jour qui n'a point de couchant.
TENNYSON