Décidément j’aime l’automne pour sa mate douceur, le grain de sa lumière, ce mouvement de vague à l’âme
sur les berges des fleuves, son horizon Rothko, le velours de ses plis, le moiré de la chanson de Prévert ; plus poétique que l’été, plus grave que le printemps son frère, il est l’humour avant l’hiver,
un clin d’œil ébloui qui déchausse ses lunettes quand la nature se dévêt derrière des paravents chinois tandis que nous nous revêtons de bas de soie. Décidément j’aime ses fruits en coquilles
noix et noisettes, ses fruits joufflus pommes et figues, ses raisins rubis aux promesses de vins ronds comme des billes d’agate.
Si le chant de l’alouette s’en va et ne reviendra qu’en février, il nous fait le cadeau de nous laisser dans le désir d’ailes. Et ce désir s’accroit avec le temps qui passe, car rien
ne vieillit dans le vrai temps, il passe, et puis revient flux et reflux. Les villes endormies se sont réveillées, il y a dans l’air des envies de feux et de rencontres bois de senteur châtaigne qui retiennent leur souffle sous la
cendre.
Derrière le paravent chinois
La lune d'automne
Liesse exquise d'or
Anny C.
La lumière dans le tamis
Edilivre éditions