"Je voulais écrire, comme tout le monde, un livre de 800 pages, comme L'Education sentimentale ou bien Le Comte de Monte-Cristo ou Moby Dick[...] J'ai commencé une espèce
de roman d'aventures et petit à petit ce livre s'est mis à tourner autour d'un certain nombre de choses impossibles, par exemple j'ai ressenti l'impossibilité d'écrire un dialogue. Ensuite une espèce d’impossibilité
de créer des personnages, des types sociaux, comme chez Balzac ou Stendhal. Puis mon projet est devenu plus clair. J'ai voulu écrire un livre sur l'argent, enfin sur le bonheur, sur la publicité, sur le monde moderne, sur les rues. Ce
n'était pas un sujet littéraire alors j'ai conçu ce livre, d'une part comme une étude de milieu, plutôt que de personnes, et comme la relation que des personnages peuvent entretenir avec des choses.
C'est
comme un roman d'avant l'existence. Je tends vers une espèce d'autobiographie continuelle qui est l'écriture elle-même, je tends vers une espèce d'exploration, mais j'avais besoin d'abord, avant de faire vivre des personnages, [...]
il fallait que je décrive cette terre inconnue qui me semble être certains aspects du monde contemporain." G PEREC LES CHOSES