EPHEMERIDE

"Je suis arrivé à Paris il y a 9 ans. J’ai quitté Nice, ma ville natale, parce qu’une forte population à la mentalité fasciste finissait de m’oppresser, de littéralement me casser les dents. J’ai quitté ma famille réac’, conservatrice et « average » très vite. De toute façon ils me considéraient comme perdu. Et puis Paris… la capitale, mon réseau, une famille de cœur et les gens avec lesquels je travaille sont tous là: musiciens, chorégraphes et galeristes. Mes seuls bons souvenirs de Nice sont mes études à la Villa Arson. Des années de maïeutique où nous étions tous soudés, en échange et émulation permanents. Une véritable serre à talents, nous étions à la fois ivres de nous-mêmes et pleins d’interrogations. C’était la fin des années 80’, début 90’, ils y avait Jean-Luc Blanc, Tatiana Trouvé… À l’époque ce n’était pas un ramassis de Bobos!

Au dos de son blouson noir, qu’il ouvrira en grand pour nous montrer sur son flanc gauche un tatouage de moineau et sur sa poitrine l’inscription «Noli me tangere», sont écrits les mots «Danse ou crève». Plutôt que de crever, Jean-Luc Verna a choisi de danser. Mais la danse, jugée trop efféminée par une mère «bête et méchante», lui a été interdite. Premier deuil. C’est donc dans le dessin qu’il trouva à exprimer une émotion à fleur de peau. Une peau qu’il tatoue au gré de ses voyages, quand il a le temps, tout le temps («comme une valise avec des stickers»), d’emblèmes étoilés et des noms de ses amis et amours, qu’il tient ainsi toujours près de lui. Au visage, piercings et mâchoire métallique lancent des éclats d’argent - les dents, il les a perdues dans la rue, au combat.

Artiste aujourd’hui salué par une rétrospective au MAC/Val de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), Jean-Luc Verna s’en est pris plein la gueule, et très tôt, malgré une carrure massive et une allure fauve. De 15 à 21 ans, il se prostitue dans les rues de Nice, «ville toxique» selon lui, avant d’intégrer l’école d’art de la Villa Arson. Un virage qui lui sauve la vie : «C’était ça ou devenir terroriste, ou acteur porno. J’étais dépositaire de la misère du monde. En étant artiste, je tente de l’expliquer.» Entre-temps la séropositivité, et autrefois la toxicomanie, lui ont rendu la mort familière. Plus récemment, c’est une rupture douloureuse qui l’a fait danser sur le fil. Depuis, il dessine des oiseaux, «le top du ringard», moque-t-il."


Commentaires

06.04 | 06:20

Emerger de notre vivier , aprés y avoir puiser toutes les émotions .
Ecrire , crypter ce vécu , cette traversée .....

10.10 | 11:28

Aimer ne se négocie pas - oh que non. L'amitié non plus. Amour Amitié ces deux piliers de la vie - Merci Annie de si bellement nous le rappeler.

25.01 | 06:56

MAGISTRAL, DEVOS

06.08 | 13:40

Bonjour Anne Marie,

Quel plaisir d'écouter Pascal Quignard, que je n'ai jamais réussi à lire, je vais essayer à nouveau avec "l'Homme au trois lettres".

marc