EPHEMERIDE

"Belle expression qui devrait m’encourager à pratiquer un exercice extrêmement difficile pour moi mais dont je ressens la nécessité et pas seulement pour lutter contre le vieillissement cérébral : apprendre par cœur. De la musique, de la poésie. Les deux premières lignes de la sonate en la majeur K. 331 de Mozart. « Fantaisie » de Nerval, « il est un air…). Commencer tout petit puis augmenter l’empan. Par cœur, oui, il s’agit aussi d’avoir cette musique, ce poème dans le cœur, au cœur de soi. D’autres ensuite, dans la mesure de mes moyens. Mais je me souviens d’une remarque de Fred Griot, me disant que la mémoire est comme un muscle, et qu’elle se travaille. Je continue ce travail-là. Je sais désormais bien « Fantaisie » de Nerval et j’entreprends d’apprendre le 1er sonnet de Jean Cassou (Trente-trois sonnets composés au secret). Ce qui est infiniment plus difficile. D'autant que je n'ai jamais appris ce deuxième texte, alors que « Fantaisie » de Nerval, si, jadis.
À propos de l’apprentissage par cœur de la musique, j’ai noté cette approche qui me semble féconde (quelque part dans un article) :
-mémoire analytique : analyser la construction de la pièce, des répétitions, les motifs mélodiques ou rythmiques récurrents ;
-mémoire auditive : chanter au maximum toutes les parties, les mémoriser si possible ;
-mémoire visuelle : photographier des fragments puis de plus grandes parties de la partition, fermer les yeux ou fixer un mur blanc et essayer de les projeter ;
-mémoire tactile : travailler les yeux fermés en prenant conscience des sensations dans les mains ou les bras ;
-mémoire imaginative : essayer de placer les items dans un « décor » comme dans les arts de la mémoire ou bien s’en donner des représentations concrètes, paysages, objets, conversations, etc. (mais de cela je suis incapable, n’ayant jamais pu me figurer naturellement quoi que ce soit sur la musique – si je le fais c’est toujours artificiel et faux) ;
-mémoire neuronale enfin, par la répétition.
mais cette dernière doit être intelligente !
→ et je constate que certains de ces éléments sont valables aussi pour l’apprentissage par cœur d’un texte. Comment il est fabriqué et construit (je viens de faire une petite analyse structurelle du premier quatrain du sonnet de Cassou), les enchaînements, ce qui se répète éventuellement, les images, l’idée de mettre certains fragments « en musique », etc. J’aimerais qu’il en soit, petit à petit, du choix du prochain poème à apprendre par cœur, comme du choix d’une nouvelle partition à étudier : un moment de découverte, de liberté, délectables.
Et j’en viens à me demander si apprendre quelques poèmes par cœur n’est pas aussi fécond que des années de lecture et d’étude de la poésie. Autre constat important : qu'il s'agisse de la musique (surtout) mais aussi de la poésie, c'est une école de précision hors-pair ! J'ai ainsi recopié les deux premières lignes de la sonate et je suis allée de découvertes en découvertes sur les détails du texte, alors que je prétends savoir bien lire la musique. Recopier, ici encore, comme pour la poésie. Apprendre un sonnet c'est apprendre bien plus qu'un texte, c'est apprendre une forme (même si le sonnet de Cassou n'est sans doute pas le grand sonnet classique), c'est entendre peu à peu la place exacte de chaque détail, l'importance de e muets, etc.
"
Florence Trocmé

Commentaires

06.04 | 06:20

Emerger de notre vivier , aprés y avoir puiser toutes les émotions .
Ecrire , crypter ce vécu , cette traversée .....

10.10 | 11:28

Aimer ne se négocie pas - oh que non. L'amitié non plus. Amour Amitié ces deux piliers de la vie - Merci Annie de si bellement nous le rappeler.

25.01 | 06:56

MAGISTRAL, DEVOS

06.08 | 13:40

Bonjour Anne Marie,

Quel plaisir d'écouter Pascal Quignard, que je n'ai jamais réussi à lire, je vais essayer à nouveau avec "l'Homme au trois lettres".

marc