EPHEMERIDE

"Pour perdre une chose, encore faut-il auparavant l’avoir possédée. Nous n’avons rien à nous dans cette vie, jamais rien eu à perdre, rien d’autre à faire que chanter, chanter avec la gorge, le ventre, le crâne, le cœur, l’esprit, avec toute la poussière de nos âmes amoureuses.

Écrire, encore. Insister, persister. Encore écrire, même si hier soir j’ai découvert dans une seule phrase de Pascal tout ce que j’aurai jamais à dire. C’est une phrase musicale, nerveuse, rapide comme l’enfance et comme Mozart. La pluie n’y a aucune part. C’est une phrase de pleine lumière et vent fort :

éternellement en joie pour un jour d’exercice sur la terre

Depuis la toute légère enfance je suis en pourparlers avec moi-même, je mène de moi à moi un entretien que le monde s’évertue à interrompre. Pour continuer à me parler, j’ai commencé d’écrire. Ce qui se dit en moi n’est pas dans mes livres. Les livres sont un contre-bruit au bruit du monde. Ce qui se dit en moi est confié au silence, n’est rien que du silence. Les livres frôlent ce silence. Ils ne le touchent pas, ils le frôlent. Les livres sont presque aussi intéressants que le silence. Écrire est presque aussi passionnant que ne rien faire et attendre les premières gouttes de pluie dans les concertos pour piano de Mozart."

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Bobin

Commentaires

06.04 | 06:20

Emerger de notre vivier , aprés y avoir puiser toutes les émotions .
Ecrire , crypter ce vécu , cette traversée .....

10.10 | 11:28

Aimer ne se négocie pas - oh que non. L'amitié non plus. Amour Amitié ces deux piliers de la vie - Merci Annie de si bellement nous le rappeler.

25.01 | 06:56

MAGISTRAL, DEVOS

06.08 | 13:40

Bonjour Anne Marie,

Quel plaisir d'écouter Pascal Quignard, que je n'ai jamais réussi à lire, je vais essayer à nouveau avec "l'Homme au trois lettres".

marc