EPHEMERIDE

Et les enfants grandissent, le regard profond,

ne sachant rien, ils grandissent, et meurent,

Et tous les êtres vont leur chemin.


Et les fruits sucrés naissent des fruits amers,

Et tombent, la nuit venue, comme des oiseaux morts,

Et gisent là quelques jours et se décomposent.


Et le vent souffle sans trêve ni repos

Et nous percevons et prononçons tant de mots,

Et sentons le plaisir et la fatigue de nos corps.


Et des routes sillonnent les prés et il y a

Des villages emplis de flambeaux, d'arbres et d'étangs

Et d'autres, menaçants et desséchés, comme morts...


Pourquoi les a -t-on bâtis? Pourquoi sont -ils si nombreux et divers?

Pourquoi les rires alternent avec les larmes, et avec la pâleur livide?


A quoi bon tout cela, et tous ces jeux,

Pour nous, qui sommes adultes et éternellement seuls,

Et qui marchons sans jamais chercher aucun but?


A quoi bon avoir vu tant de choses?

Et pourtant, quiconque prononce le mot "Soir" dit beaucoup,

Un mot d'où s'écoule tant de sens et tant de tristesse,

Comme un miel lourd coulant des alvéoles vides.
HUGO VON HOFMANNSTHAL

Commentaires

06.04 | 06:20

Emerger de notre vivier , aprés y avoir puiser toutes les émotions .
Ecrire , crypter ce vécu , cette traversée .....

10.10 | 11:28

Aimer ne se négocie pas - oh que non. L'amitié non plus. Amour Amitié ces deux piliers de la vie - Merci Annie de si bellement nous le rappeler.

25.01 | 06:56

MAGISTRAL, DEVOS

06.08 | 13:40

Bonjour Anne Marie,

Quel plaisir d'écouter Pascal Quignard, que je n'ai jamais réussi à lire, je vais essayer à nouveau avec "l'Homme au trois lettres".

marc