EPHEMERIDE

Toujours et encore se cogner à du verre,
Ne jamais cesser de tourner en rond,
Au lieu de dériver orné de grandes eaux
Vivantes, merveilleuses

Toujours et encore déglutir des bouchées fades
Dans une vase tiède et gourde,
Au lieu de happer d’une petite bouche bigarrée
La lumière verte et la proie fraîche, frétillante ?

Toujours et encore sentir la dureté,
Une mince couche de sable terne,
Au lieu tout au fond de s’enfouir
Contre le visage brun qui réchauffe

Toujours et encore une grève de choses malignes,
Où le petit poisson s’échoue malade et convulsé,
Quand violemment, sautant sans prendre garde,
Il survole sa patrie étriquée ;

Rien qu’un monter et descendre promptement entravé,
De brefs éclairs, élans de gauche et de droite,
Toujours et encore, hélas, toujours et encore
Ce plus petit des mondes se heurte à une borne !

Dans les lointains gisent des étangs noirs,
Meurt une cascade de source irisée,
Le large courant conduit son cadavre
A une tombe de cristal qui fuit.

Même les poissons aiment secrètement rêver
Ce qui libère leur cœur comme la poitrine de l’homme :
Une limpide vague bleue et l’écume
Des mers douces de l’infinité.
GERTRUD KOLMAR

Commentaires

06.04 | 06:20

Emerger de notre vivier , aprés y avoir puiser toutes les émotions .
Ecrire , crypter ce vécu , cette traversée .....

10.10 | 11:28

Aimer ne se négocie pas - oh que non. L'amitié non plus. Amour Amitié ces deux piliers de la vie - Merci Annie de si bellement nous le rappeler.

25.01 | 06:56

MAGISTRAL, DEVOS

06.08 | 13:40

Bonjour Anne Marie,

Quel plaisir d'écouter Pascal Quignard, que je n'ai jamais réussi à lire, je vais essayer à nouveau avec "l'Homme au trois lettres".

marc