EPHEMERIDE

"Un jour j’ai trouvé Jean Genet assis dans mon fauteuil. L’ayant reconnu dans la rue et désirant me faire plaisir, Alexandre l’avait, avec sa science gitane, conduit jusqu’à ma porte. Le poète s’installa bientôt dans le studio du dessous. Le soir même j’entrai dans sa chambre pour discuter avec lui, exprimant joyeusement mes désaccords à celui dont je vénérais l’écriture. Le lendemain Genet signifia mon bannissement : «Je ne veux plus la voir, elle me contredit tout le temps. D’ailleurs Lydie est une femme et je déteste les femmes.» Cette parole qui me rejetait dans la nuit de mon sexe me désespéra. Trouvant mon salut dans l’orgueil, je décidai d’écrire un poème si beau qu’il l’obligerait à revenir vers moi. Pendant des semaines je cherchais le point d’at- taque de mon verbe. Surmontant mon désespoir j’écrivis La nuit spirituelle pour le blesser aussi radicalement qu’il l’avait fait, lui rendant mort pour mort. Quand j’eus mis le point final, face à
sa haine des femmes luisait le bloc de nuit de mon poème, lequel en lui donnant raison lui donnait tort. Le jour suivant on cogna à la porte : c’était Genet."

Commentaires

06.04 | 06:20

Emerger de notre vivier , aprés y avoir puiser toutes les émotions .
Ecrire , crypter ce vécu , cette traversée .....

10.10 | 11:28

Aimer ne se négocie pas - oh que non. L'amitié non plus. Amour Amitié ces deux piliers de la vie - Merci Annie de si bellement nous le rappeler.

25.01 | 06:56

MAGISTRAL, DEVOS

06.08 | 13:40

Bonjour Anne Marie,

Quel plaisir d'écouter Pascal Quignard, que je n'ai jamais réussi à lire, je vais essayer à nouveau avec "l'Homme au trois lettres".

marc