EPHEMERIDE


« Quand je m’installe au café le matin, je sais que je ne serai pas dérangé.
 Je pourrai suivre le développement de mes idées ou me laisser dériver en écoutant distraitement les conversations, laissant mes pensées libres de se rappeler à mon attention quand elles le voudront. [...]
 Ce qui m’importe, quand je m’installe ainsi, c’est de me sentir dégagé de toute obligation, même celles qui viennent de moi. [...]
Quand j’atteins cette souveraine disposition, un vide se crée. De ce vide presqu’ invariablement, au bout d’un moment une idée surgit. Je la note si le mot juste se présente [...]
 Ces moments délicieux de suspension, d’attente distraite, d’attention à rien – sont le départ de tout.
 Quand une idée va naître, il se produit un frémissement.
 Je concentre sur lui mon attention afin de la cueillir à l’instant précis où elle prendra forme, avant qu’elle ne se dissolve de nouveau ou ne se mêle à d’autres.
Je dois être rapide, de peur que la perte ne soit irréparable
 – tel un héron qui attend au bord de l’eau, impassible, et d’un geste imparable saisit sa proie dès qu’elle fait surface 

Quand j’ai raté mon coup et que la pensée erre dans les parages, je reprends mon immobilité et j’attends qu’elle se présente à nouveau.
 Il arrive que la prise soit prématurée.
 Dans ce cas, je la relâche et j’attends qu’elle revienne mieux formée.

Commentaires

06.04 | 06:20

Emerger de notre vivier , aprés y avoir puiser toutes les émotions .
Ecrire , crypter ce vécu , cette traversée .....

10.10 | 11:28

Aimer ne se négocie pas - oh que non. L'amitié non plus. Amour Amitié ces deux piliers de la vie - Merci Annie de si bellement nous le rappeler.

25.01 | 06:56

MAGISTRAL, DEVOS

06.08 | 13:40

Bonjour Anne Marie,

Quel plaisir d'écouter Pascal Quignard, que je n'ai jamais réussi à lire, je vais essayer à nouveau avec "l'Homme au trois lettres".

marc