Au fil des mots

EPHEMERIDE

"… Ceux qui sont vieux dans le pays le plus tôt sont 
levés
à pousser le volet et regarder le ciel, la mer qui change 
de couleur
et les îles, disant : la journée sera belle si l’on en juge 
par cette aube.

Aussitôt c’est le jour ! et la tôle des toits s’allume dans 
la transe, et la rade est livrée au malaise, et le ciel à la 
verve, et le Conteur s’élance dans la veille !

La mer, entre les îles, est rose de luxure ; son plaisir est 
matière à débattre, on l’a eu pour un lot de bracelets 
de cuivre !  
Des enfants courent aux rivages ! des chevaux courent 
aux rivages ! … un million d’enfants portant leurs cils 
comme des ombelles… et le nageur 

a une jambe en eau tiède mais l’autre pèse dans un 
courant frais ; et les gomphrènes, les ramies,
l’acalyphe à fleurs vertes et ces piléas cespiteuses qui 
sont la barbe des vieux murs
s’affolent sur les toits, au rebord des gouttières,

car un vent, le plus frais de l’année, se lève, aux 
bassins d’îles qui bleuissent,
et déferlant jusqu’à ces cayes plates, nos maisons, 
coule au sein du vieillard
par le havre de toile jusqu’au lieu plein de crin entre 
les deux mamelles.
Et la journée est entamée, le monde
n’est pas si vieux que soudain il n’ait ri…
*  
C’est alors que l’odeur du café remonte l’escalier.

St John Perse

ELOGES p.49/50

&

Commentaires

06.04 | 06:20

Emerger de notre vivier , aprés y avoir puiser toutes les émotions . Ecrire , cry...

10.10 | 11:28

Aimer ne se négocie pas - oh que non. L'amitié non plus. Amour Amitié ces de...

25.01 | 06:56

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06.08 | 13:40

Bonjour Anne Marie, Quel plaisir d'écouter Pascal Quignard, que je n'ai ...