Bien que Colette ait toujours accordé sa préférence au jour de l'An, elle a laissé sur Noël des textes magnifiques. En voici un extrait en guise de cadeau...
"C’est ainsi, le front
aux vitres, que je cherchais autrefois à surprendre, pendant la nuit de Noël, un jardin endormi sous sa neige bleuâtre, ou sous la pluie, ou tout blanc de gel sous les étoiles...
Je ne bouge pas, de peur de
dissoudre, derrière moi, le mirage provincial qui monte de mon passé : un salon fané, où la pendule de marbre blanc marque minuit, entre deux bouquets de houx. Sur la grande table, on a simplement poussé un peu de côté
les livres à tranche d’or, le jeu de jacquet et la boîte de dominos, pour faire place au gâteau arrosé de rhum et au vieux frontignan décoloré... [...]
Il y a, partout, le chaud désordre
d’une maison heureuse, livrée aux enfants et aux bêtes tendres...
Si je me retourne, reverrai-je – le temps d’un regard, le temps d’un battement de mes cils humides – reverrai-je tout cela
?... Une main touche mon épaule, mais je ne veux pas me retourner... Et cela ne fait rien que quelqu’un me crie dans l’oreille, avec des rires... Cela ne fait rien du tout, puisque j’entends tout de même, comme autrefois, la
jeune voix maternelle :
« Beauté !... mon soleil rayonnant !... Mon bijou tout en or ! Il est tard, va vite dormir... »"
(Colette, extrait de "Cadeaux
de Noël", éd. de l'Herne)
Commentaires
06.04 | 06:20
Emerger de notre vivier , aprés y avoir puiser toutes les émotions . Ecrire , cry...
10.10 | 11:28
Aimer ne se négocie pas - oh que non. L'amitié non plus. Amour Amitié ces de...
25.01 | 06:56
MAGISTRAL, DEVOS
06.08 | 13:40
Bonjour Anne Marie, Quel plaisir d'écouter Pascal Quignard, que je n'ai ...