Au fil des mots

EPHEMERIDE

"« Je me dis ce jour-là que, s’il est vrai qu’un caractère se définit autant par ce qu’il exclut que par ce qu’il contient, on aurait assez bien décrit Goethe en disant qu’il était la personne au monde qui ignorait le plus la futilité. Même les sujets frivoles, quand il lui arrivait de les effleurer, cessaient aussitôt d’être tels – ce qui n’a rien à voir avec l’esprit de sérieux dont font preuve tant d’Allemands. À toute chose qui l’intéressait, même si c’était seulement pour s’en divertir, Goethe se consacrait avec une attention totale, exclusive, sinon il ne la voyait même pas – raison pour laquelle peut-être il s’entendait si bien avec les enfants, dont c’est le trait le plus constant. C’était aussi ce qui expliquait qu’il pût, dans une seule journée, accomplir tant de tâches différentes et poursuivre cependant la composition de ses propres œuvres. Leur intensité s’explique sûrement par le fait qu’elles furent le fruit de moments d’une totale attention, d’un complet dévouement au sujet que le poète traitait, au sentiment qu’il exprimait, à l’objet qu’il décrivait. Oui, il se peut bien que le génie soit d’abord une extrême capacité d’attention, me dis-je ce jour-là en observant Goethe – d’attention à ce monde que la plupart des gens traitent comme s’il allait de soi. De cette capacité de prêter attention au réel, et donc de s’en étonner, naît la faculté de créer des relations, de mettre en rapports réciproques les choses les plus éloignées qui échappent à l’attention ordinaire, sans que ces rapports semblent arbitraires. »
"

Citation de JEAN-YVES MASSON

Commentaires

06.04 | 06:20

Emerger de notre vivier , aprés y avoir puiser toutes les émotions . Ecrire , cry...

10.10 | 11:28

Aimer ne se négocie pas - oh que non. L'amitié non plus. Amour Amitié ces de...

25.01 | 06:56

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06.08 | 13:40

Bonjour Anne Marie, Quel plaisir d'écouter Pascal Quignard, que je n'ai ...