"Par une froide journée d’hiver, un troupeau de porcs-épics s’était mis en groupe serré pour se garantir mutuellement contre la gelée
par leur propre chaleur.
Mais tout aussitôt ils ressentirent les atteintes de leurs piquants, ce qui les fit s’éloigner les uns des autres.
Quand le besoin de se chauffer les eut rapprochés de nouveau, le même
inconvénient se renouvela, de façon qu’ils étaient ballottés de çà et de là entre les deux souffrances,
jusqu’à ce qu’ils eussent fini par trouver une distance moyenne qui
leur rendit la situation supportable.
Ainsi, le besoin de société, né du vide et de la monotonie de leur propre intérieur, pousse les hommes les uns vers les autres ; mais leurs nombreuses qualités repoussantes
et leurs insupportables défauts les dispersent de nouveau.
La distance moyenne qu’ils finissent par découvrir et à laquelle la vie en commun devient possible, c’est la politesse et les belles manières.
En
Angleterre, on crie à celui qui ne se tient pas à distance : Keep your distance !
- Par ce moyen, le besoin de chauffage mutuel n’est, à la vérité, satisfait qu’à moitié, mais
en revanche on ne ressent pas la blessure des piquants.
- Celui-là cependant qui possède beaucoup de calorique propre préfère rester en dehors de la société pour n’éprouver ni ne causer de peine."
SHOPENHAUER
Commentaires
06.04 | 06:20
Emerger de notre vivier , aprés y avoir puiser toutes les émotions . Ecrire , cry...
10.10 | 11:28
Aimer ne se négocie pas - oh que non. L'amitié non plus. Amour Amitié ces de...
25.01 | 06:56
MAGISTRAL, DEVOS
06.08 | 13:40
Bonjour Anne Marie, Quel plaisir d'écouter Pascal Quignard, que je n'ai ...