Chers amis,
Je hante le musée Fabre à travers les ombres du Caravage, guidée par la lumière
de ses toiles. Je suis le mouvement des rouges des emmanchures dans le soleil en chair et en or des corps dévoilés.La mort surprend comme dans la vraie vie, le peintre tranche dans le vif. Plus rien à dire. C’est le sang d’Holopherne,
le dernier souffle de Marie.Ce ne sont pourtant pas des photos, ce n’est pourtant pas un reportage.Pourtant…dans le noir que de lumière !
Les Soulages de l’étage
supérieur sont aux anges !
Frères humains…
Le temps s’arrête.
Un visage infiniment doux emplit la salle où je me trouve ; il émane de lui paix et abandon comme de celui de l’ange au sourire de Reims ou de celui de La Scapiliata de Léonard de Vinci.
Anges divins…
Je ne peux le quitter : Ecce Home 1605/1606.
Cet homme est l’homme sans égal : sa face caressée d’ombre soyeuse et ses yeux mi - clos laissent entrer la lumière divine dans son cœur, son corps est
si clair et si jeune …Les liens nouent ses poignets las. Eloge de l’acceptation.
« Ils ne savent pas ce qu’ils font »
Troublée de douceur, je garde un souvenir ardent des autres toiles intenses, vives, mystérieuses, mais je sors avec cette empreinte dans l’âme et je marche songeuse sur
la promenade, croise un autre homme qui parle à son téléphone, dit qu’il va se suicider, qu’il n’a pas un sou pour aller à l’enterrement de sa mère dans l’Ardèche…
J’ouvre ma bourse, que faire d’autre ? L’homme s’en va. Où s’en va l’homme ? Mon trouble se trouble alors et LE VOLEUR A LA TIRE de BRUGHEL
L'ANCIEN s'impose!
Je reviens au musée pour retrouver mon premier trouble et je sursaute avec LE JEUNE GARCON MORDU PAR LE SERPENT du CARAVAGE!
Je ne sais plus ce que je fais !