Imitateur
Je parle de vieillesse à la femme que j'aime;
on me répond : « C'est dans Ronsard, tout ça.
» Je parle
d'un deuil profond et d'une enfant qui s'est noyée;
on me répond : « Tout ça, c'est dans Victor Hugo. »
Je parle d'un coeur lourd comme un lac en colère;
on me répond: « Tout ça, tu vois c'est Lamartine. »
Je parle de musique et d'un parc dans la brume;
On me répond: « Tout ça, Verlaine y est passé. »
Je parle de partir, là-bas vers l'équateur;
on me répond: « Tout ça, c'est Rimbaud. » Je parle
de mon orgueil et de ma solitude amère;
On me répond : « C'est dans Vigny, t'as pas de chance. »
Je ne parlerai plus, de peur de les gêner,
ces salauds qui sans moi ont écrit mes poèmes.
Alain Bosquet (« Sonnets pour une fin de siècle » – Editions Gallimard 1980)
Commentaires
06.04 | 06:20
Emerger de notre vivier , aprés y avoir puiser toutes les émotions . Ecrire , cry...
10.10 | 11:28
Aimer ne se négocie pas - oh que non. L'amitié non plus. Amour Amitié ces de...
25.01 | 06:56
MAGISTRAL, DEVOS
06.08 | 13:40
Bonjour Anne Marie, Quel plaisir d'écouter Pascal Quignard, que je n'ai ...